Ce matin-là, le plateau Saint-Michel se secouait lascivement, après une douce nuit à dormir sous les constellations du ciel méditerranéen. Les lampadaires, pareils à des lucioles endormies, éclairaient encore les rues humides de rosée, et les premiers marchands nettoyaient à grande eau les trottoirs devant leurs devantures, rejetant dans les caniveaux les papiers et les détritus, vestiges inanimés de la vie nocturne du quartier. Peu à peu les voitures pétaradantes envahissaient la chaussée luis...
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Extrait Chapitre V Mers el Kébir
La mer somnole par-delà la digue qui ferme la rade de Mers el-Kébir. En ce début de matinée le vent est atone, le bleu de la mer translucide, quelques nuages échevelés à l’ouest, font la course lentement dans l’azur du ciel. Assez loin du port, par-dessus le mont Murdjajo et dans la direction de Santa Cruz, Oran se prélasse en cette belle matinée d’été. Le port commercial, au bas de la corniche, est en petite activité, pour recevoir les navires et bateaux de la marine marchande qui accostent a...
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Extrait Chapitre IV Le port de Mostaganem
La très longue jetée du port avait été construite quelques années avant que notre famille – papa avait été muté par sa société oranaise – ne s’installât dans le quartier dénommé « La Marine », au premier étage d’une grande maison dite « RICCIO » – c’était plutôt un immeuble car il abritait neuf familles en 1960 au numéro 16 de la rue Jean-Bart – le fameux corsaire français.
Cette nouvelle jetée augmentait l...
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Extrait Chapitre III Rencontre amoureuse
Ce soir c’est la fête au village. Le quartier de la Marine à Oran ressemble à un pueblito espagnol. Les odeurs des plats cuisinés s’échappant des maisons, les sons de la musique jouée dans les auberges et dans les lieux de débauche, les cris des enfants jouant dans les ruelles, les habits des hommes et des femmes, et les relents des petits poissons croupissant dans les filets des pêcheurs qui sèchent dans les ruelles en pente, tout rappelle l’Espagne du début du siècle. Nous sommes ...
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Extrait Chapitre III Les appelés de 14/18
À l’hôpital de Tricot, Raphaël Costa est pris en charge par les infirmiers militaires de la 9e section qui posent un garrot sur sa jambe, un bandage tout autour de sa poitrine qui a été déchirée sur une dizaine de centimètres. Ses blessures sont profondes et hémorragiques et les médecins sont pessimistes. C’est l’affolement général dans les couloirs où s’entassent pêle-mêle les civières et les corps des blessés plus légers. Certains sont assis sur des chaises, d’autres debout appuyés contre les...
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Extrait Chapitre II Débarquement à Marseille
Entre les îles qui annoncent la rade prochaine, l’Amalthée vogue à vitesse réduite, la côte à notre droite finement se découpe, les vagues provenant de l’étrave du bateau meurent contre les rochers bruns, couverts d’algues. Les bruits lointains de la ville sont gommés par la distance qui nous en sépare encore. L’atmosphère calme et tranquille repose comme une chape sur les bâtiments aux toits rouges et roses des quartiers enserrant la rade marseillaise.
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Extrait Chapitre I Castaras
Sur le versant sud de la Sierra Nevada, aux premiers jours de l’hiver. Le « pueblito » – petit village – de Cástaras, planté sur son piton rocheux était silencieux. Aucun aboiement de chien, aucun pépiement d’oiseau, aucun braiement d’animaux ne troublait la chape silencieuse qui recouvrait plusieurs masures blanchies encore habitées. Le paysage semblait figé. Seule une rumeur faite de mille petits accents sonores et feutrés montait de la vallée du Trévelez qui...
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Extrait du Prologue
2 018 - Marseille 15e
Ma mère, Antoinette, est morte une nuit de septembre dans la région marseillaise.
Dans une arrière-saison bien tempérée et encore chaude, elle s’en est allée.
La date et le lieu précis ne sont pas très importants à mes yeux, car quand nous partons pour l’éternité, pourquoi marquer la fin d’une vie terrestre avec une date et un lieu ? L’histoire familiale saura bien s’en souvenir et si tel n’était pas le cas, il restera encore la possibilité de consulter ...
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La ménagère rouge
Préface
Les souvenirs, la mort, les lieux, les faits, la mémoire.
Quels sont donc tous ces liens qui relient notre vie propre, notre histoire, notre humanité à celles des membres de notre famille, de nos amis, des inconnus qui passent ?
Peut-on vivre sans mémoire ?
Peut-on oublier les racines et le lieu de naissance ?
Peut-on faire table rase du passé ?
Enfin, peut-on vivre sans connaître sa propre histoire ?
À toutes ces questions, je vais ess...
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Le visiteur du soir
Le visiteur du soir À la porte de la maison Laisse son désespoir Embrasser la morte-saison Pour un petit bonsoir Derrière les petits carreaux De la porte miroir Qui se mire encore dans l’eau Partir où rien ne bouge Partir vers l’inconnu Vouloir les aubes rouges Étreindre les corps nus Partir vers tous les ailleurs Partir et fuir surtout Vouloir prendre les meilleurs Et ne plus voir le jour Le visiteur du...
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