Extrait du Prologue

2 018 – Marseille 15e

Ma mère, Antoinette, est morte une nuit de septembre dans la région marseillaise.

Dans une arrière-saison bien tempérée et encore chaude, elle s’en est allée.

La date et le lieu précis ne sont pas très importants à mes yeux, car quand nous partons pour l’éternité, pourquoi marquer la fin d’une vie terrestre avec une date et un lieu ? L’histoire familiale saura bien s’en souvenir et si tel n’était pas le cas, il restera encore la possibilité de consulter l’arbre généalogique de la famille élaboré il y a une dizaine d’années et continuellement mis à jour.

Tous les évènements et les faits qui se déroulent après le décès de l’être aimé par les survivants, proches ou lointains, sont vécus dans un rêve commun éveillé. La réalité des jours et des nuits qui s’emboîtent sans discontinuer n’a plus de prise sensible sur le temps qui s’égrène dans les sabliers de nos vies !

La « Mama » s’en est allée et tout le reste est inconsistant. Les couleurs changent de tonalité, les sons s’évanouissent et se feutrent, les odeurs disparaissent (sauf celle de la mort), en un mot tout notre vécu est transformé. Et les souvenirs qui affluent en rangs dispersés, s’entrechoquent les uns aux autres dans l’espace et le temps, comme les remous des millions de gouttes d’eau dans le bouillonnement des vagues de la mer, comme les feuilles jaunies de septembre qui bruissent dans les branches des arbres ballottés par les premiers vents de l’hiver et qui viennent mourir au sol.

L’endormissement de la nature vient à petits pas mesurés dans cette période de l’année et il me semble que la mort ne pouvait pas choisir meilleur moment pour nous enlever à 92 ans la dernière mémoire de notre famille.

Car l’hiver est synonyme après une durée indéterminée, de renaissance de la nature, de résurrection ou de renouveau pour tous les êtres vivants, quels qu’ils soient, habitants temporaires de notre belle planète.

Sans aucun doute, Antoinette est déjà ressuscitée et présente auprès du Père et de tous ceux qui l’ont précédée, en cet endroit que nous nommons le « paradis » et que nous pouvons connaître et expérimenter dès maintenant, si nous en avons l’ardent désir.

J’en suis persuadé.

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